Née à Chicago d'un père magistrat et d'une mère virtuose du piano, Caytlin a grandit sans l'amour de ses parents, qui lui prodiguaient une éducation extrêmement stricte. Très vite, sa mère remarqua que la petite fille avait des mains de musicienne et lui fit essayer plusieurs instruments de musiques, sans succès. Elle refusait tout bonnement de les toucher, préférant se plonger dans des livres d'aventures. Exaspéré, Miss Piltover délaissa son enfant pour se concentrer sur sa carrière internationale. Quand à son père, beaucoup trop occupé la semaines par le tribunal et ses affaires, il tenait néanmoins à partager de bon moments une fois par semaine avec sa petite princesse et lui transmit ainsi ses valeurs ainsi que le goût de résoudre d'épineux problèmes sous la forme d'énigmes. La fillette grandissait dans la plus pure tradition familiale et marchait dans les pas de son paternel. Mais personne ne pouvait dire si elle était heureuse de sa situation ou non. Caytlin ne riait jamais, ne pleurait jamais, n'exprimait jamais le moindre désir face à ses parents. C'était une petite fille calme qui ne causait aucun soucis à ses parents, bien trop occupés par leurs carrières pour lui prodiguer tout l'amour dont un enfant a besoin pour s'épanouir. Puis, l'année de ses cinq ans, un drame se produisit...
Sa mère, lors d'une de ses tournées en Europe, eut un grave accident qui lui ôta l'ouïe et brisa ses deux mains. Plus jamais elle ne pourrait jouer. Abandonnant brutalement sa carrière au sommet de la gloire, elle en fut détruite et sombra dans une profonde dépression. Touché par l'état de sa maman, Caytlin chercha des jours durant une solution pour lui redonner le sourire. Elle remua ciel et terre pour cela, jusqu'à atterrir au vieux grenier. Et c'est là, au beau milieu de vieux cartons poussiéreux, qu'elle la trouva. Une magnifique flûte traversière qui, elle l'apprit plus tard, avait appartenue à son arrière grand mère. Toute fière de sa trouvaille et de son nouveau jouet, elle retourna au grand salon et tenta d'en sortir quelques notes, comme dans un dessin animé qu'elle aimait. A la grande surprise générale, elle parvient naturellement à en sortir un début de mélodie harmonieux. Sa mère, émerveillé, se rua sur son enfant. Sa fille allait suivre ses traces et réussit là où le destin l'avait fait échouer. Ainsi commença un long et difficile entrainement quotidien pour Caytlin. Elle était extrêmement doué et les experts s'accordaient à dire qu'elle était une future virtuose. Les années passèrent et plus le talent de la fillette se développait, plus sa personnalité et son envie de liberté grandissait.
A l'âge de 10 ans, elle entama une tournée internationale, qui lui découvrir le monde et toutes ses beautés. Mais au lieu de l'émerveiller, toutes ces richesses ne firent que détourner son intérêt du monde réel. Il ne se passait pas un instant où elle ne rêvait pas de pouvoir enfin faire ce qu'elle voulait, plonger dans ces histoires fantastiques qu'elle lisait. Elle appréciait tout particulièrement "Alice in Wonderland" de Lewis Carroll. Le personnage du Chapelier Fou devint même son préféré. Mais le désir de gloire de sa mère devenait fiévreux et l'enfant se vit interdire de lecture. "Pas le temps pour ces balivernes ! Seul la musique compte !", lui répétait-elle sans cesse. Mais on ne retient pas indéfiniment l'esprit d'aventure et de liberté d'un Piltovier. Elle avait hérité du caractère obstiné de son père, et sa mère allait bientôt le découvrir à son insu...
Un soir, à l'âge de douze ans, après s'être enfuis de scène au début du morceau, l'adolescente fugua en plein Paris. Trop de pression, elle n'en pouvait plus. Elle n'avait emporté avec elle que son précieux instrument qu'elle chérissait plus que tout. Immédiatement, toutes les polices locales furent mises en alerte. Apeuré par toutes ces sirènes, Caytlin se mit à courir droit devant elle, avant de se retrouver devant une étrange boutique de chapeaux. Cela lui rappela le conte qu'elle lisait et avait presque fini par oublier. Tout son désir de liberté revint au galop. Dans son esprit, tout s'éclairait. Fini les concerts. Désormais, elle allait uniquement jouer pour elle. Sa mère avait eu ce qu'elle voulait. Sa fille était devenue une virtuose de la flûte traversière. Maintenant, c'était à elle d'exister, pour elle. Peu de temps après, la police la retrouva et la ramena à sa mère. Pour la première fois de son existence, elle émit un simple souhait. "Rentrons à la maison". Abasourdie, sa mère ne se posa pas de question et retourna à Chicago, avant de reprendre une vie banal.
Les années suivantes, Caytlin les passa avec son père, qui avait fini par choisir son enfant à sa carrière. Ils passèrent de longues heures à jouer aux échecs, résoudre des énigmes... Il lui apprit tout ce qu'il y avait à savoir sur la morale et la justice. La fillette en créa son propre code de l'honneur, qu'elle accrocha au mur de sa chambre. Son sens de la justice était arrivé à son paroxysme et elle songeait grandement à suivre des études de droits lorsqu'elle en aurait l'âge. Elle apprit également l'art des mots et l'art oratoire, dans lesquels elle excellait malgré son jeune âge. Ces années furent les plus belles de sa courte vie et les plus heureuses. Elle commençait à s'ouvrir au monde et apprenait à exprimer ses désirs, ses émotions. Mais un évènement tragique allait les rendre... magiques.
A son quatorzième printemps, alors que son père rentrait tard d'une de ses habituels partie de poker avec le procureur retraité, il se fit... agressé. Juste devant la porte de la maison, juste devant la fenêtre de la chambre de Caytlin, juste devant ses yeux. Son sang ne fit qu'un tour. Elle couru détacher le fusil de chasse qui se trouvait au dessus de la cheminée et partit, au grand drame de ses parents, à la poursuite du malfrat. [A SUIVRE]
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